Le foyer pour jeunes du SEMA avait besoin de rafraîchissements : les étudiants de l’école d’architecture de Nantes nous ont prêté main forte.
Avant les travaux
Le SEMA est un service de L’Etape Jeunes Anjorrant. Il héberge et accompagne 10 adolescents, placés sur mesure de protection de l’enfance. 4 d’entre eux vivent dans cette maison, à Vertou, avec des éducateurs, des maitresses de maison et des surveillants de nuit.
L’Etape Jeunes Anjorrant va réaliser des travaux de tous les espaces de cette maison, qui a déjà vécu plusieurs réaménagements, dégradations et réparations. Objectif : qu’elle soit mieux adaptée aux besoins des jeunes.
Rencontrer l’équipe du SEMA
Pour initier une 1ère phase de travaux, un groupe d’étudiants de l’école d’Architecture a rencontré les professionnels pendant plusieurs semaines afin de comprendre le lieu, les attentes et les projets de l’équipe pour la maison.
Ils ont aussi pris le temps de s’imprégner de la protection de l’enfance « sous- représentée dans le débat public », comme ils le disent.
Les étudiants ont constaté : « Le rôle des accompagnateurs dans le commun est très important. Ils sont les initiateurs de ces actions. Sans eux, les jeunes resteraient énormément dans leurs chambres. Cependant, nous avons remarqué pendant nos visites mais aussi dans les discussions avec l’équipe que les espaces communs ne fonctionnent pas en l’état.
La cuisine est très âgée avec peu de place pour cuisiner, le salon est très austère de par ses murs, ses couleurs, sa luminosité, et son mobilier ; et la salle de jeux est fermée à clé jusqu’à 16h. »
Ils repèrent aussi que les moments à cuisiner et manger ensemble sont des moments très importants.
Une approche de l’espace pour les jeunes
La rencontre avec les jeunes fût plus lente. Les étudiants ont dû venir plusieurs fois afin de se montrer et d’expliquer petit à petit ce qu’ils faisaient ici, mais aussi poser les premières questions.
Au bout d’environ trois semaines, un événement est arrivé dans le salon de la maison. Le babyfoot cassé, à été réparé et est revenu dans le salon. C’est une différence marquante dans le sens où le salon étant jusque là assez vide, se retrouve avec des exclamations de joie ! Le babyfoot est devenu un élément incontournable du salon et du commun.
Pour les jeunes, l’espace n’était pas forcément synonyme de bien-être ou de bonheur. Par contre, la notion d’un espace pour y jouer ensemble faisait plus sens.
« Cuisiner, Manger, Discuter et Jouer »
Au regard des approches différentes des professionnels et des jeunes, un thème « fil rouge » pour le projet architectural a émergé : « comment faire commun dans un foyer de jeunes en difficulté ? »
La question de faire commun semble être une question centrale dans cette maison. « C’est ce qui peut permettre aux jeunes de construire du lien social et de construire une confiance en soi face à autrui. »
Faire commun entre jeunes, avec les professionnels passe par Cuisiner, Manger, Discuter, Jouer ensemble.
Pendant les travaux…
Pendant les travaux, on ouvre la cuisine et le salon. On casse, on perce, on consolide.
Et pour nettoyer le chantier, les bras sont nombreux : étudiants, jeunes du foyer et éducateurs !
Construction du nouveau meuble « ilôt central »
Dans leur parcours à l’école d’architecture, les 5 étudiants devaient aussi construire un meuble prototype pour le nouveau projet architectural qui répondrait aux 4 envies pour faire du commun : « Cuisiner, Manger, Discuter et Jouer ».
Après les travaux
Le mur du couloir, qui était sombre, est désormais ouvert. Lorsqu’un jeune arrive, il a maintenant vu sur tout l’espace à vivre.
L’ilôt central, construit sur-mesure par les étudiants, permet d’y manger, discuter, jouer… Il est en plus modulable et adaptable selon les envies des jeunes et de l’équipe !
Ce n’est qu’une première étape, avant d’autres travaux pour le foyer !
Perceptions des 5 étudiants…
« Le projet que nous menons au SEMA s’inscrit dans un temps particulier : à la fois contraint par les échéances pédagogiques et profondément ancré dans une réalité vivante, mouvante, souvent imprévisible.
Dès notre première visite, il nous est apparu que notre rôle ne pouvait pas se limiter à répondre à une commande. Nous avons dû apprendre à écouter, à comprendre un lieu déjà habité, tissé de relations, d’usages et d’histoires multiples.
Au fil des mois, ce projet s’est construit par ajustements successifs, dans un va-et-vient constant entre intentions et contraintes. Ce que nous avons imaginé a souvent été reformulé, discuté, freiné, relancé. Nous avons connu des accélérations enthousiasmantes et des ralentissements parfois déroutants.
Ce parcours n’a pas été linéaire. Il a été fait de doutes, d’engagements, de mises à l’épreuve. Mais c’est aussi cela qui nous a permis d’être justes, de ne pas imposer des formes toutes faites, et de construire un projet réellement situé.
Le travail au sein du foyer nous a appris à observer autrement : à lire les usages au quotidien, à repérer les moments de vie collective, les fragilités, les tensions invisibles. Il nous a fallu composer avec des réalités matérielles mais aussi institutionnelles, humaines, affectives. Il nous a confrontés à la question du soin, de la confiance, et du rythme des autres. Il nous a aussi rappelé que l’architecture n’est pas seulement affaire de forme ou de technique, mais de relation et de responsabilité. »
Merci aux 5 étudiants, et à leurs professeurs !
Merci aux jeunes et à l’équipe du SEMA et de L’Etape Jeunes Anjorrant !
Juin 2025
